Dimanche, le 4 Août 1918 Ma petite Emma bien aimée Je m'empresse de répondre à ton...

Dimanche, le 4 Août 1918

Ma petite Emma bien aimée

Je m'empresse de répondre à ton aimable lettre de mercredi que je viens de recevoir qui m'a fait bien plaisir d'avoir des nouvelles et de te savoir en bonne santé et que ta main va toujours mieux, quant à moi je suis toujours le même.

Je vois que Georges n'a quand même pas de chance à présent mais enfin il faut bien espérer qu'il s'en tirera comme les autres fois. Il doit être comme moi, en avoir par-dessus la tête de cette vie-là.

Quand est-ce qu'on en sortira, je me le demande. Vivement que la fin vienne qu'on puisse tous se rapprocher les uns des autres et reprendre notre petite vie tranquille comme auparavant cela nous fera pas de mal.

Je ne connais pas grand nouveau pour le moment.

Que je voudrais bien qu'on soit relevé bientôt car il n'y a pas que les boches pour nous faire ch... Chaque jour, je suis obligé de prendre l'offensive contre les totos et plus j'en tue, plus il y en a. Encore trois semaines de tranchées et ce n'est plus moi qui vais les porter, c'est eux qui vont me porter. Il y a où déserter de se voir dans la vermine pareille.

Vivement le civil qu'on se débarrasse de cette saleté et qu'on ne les revoie plus.

Je te quitte pour ce soir en t'embrassant bien fort.

Bien le bonjour à toute la famille et aux petits amoureux.

Reçois, mon petit coeur chéri, les meilleures amitiés de ton petit ami qui pense toujours à toi.

Modeste